Démission du Directeur Général de l’INSERM

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Le Directeur Général de l’INSERM, Christian Bréchot, a démissionné le 8 octobre 2007. Selon les propres termes de sa lettre de démission, il s’agit de « donner
de nouvelles perspectives à [son] parcours personnel » et de « traiter librement
des problèmes posés par l’affaire METAGENEX ». Quelle est donc cette affaire
Métagenex qui a déjà défrayé la chronique scientifique de quelques journaux ces
derniers mois ?

En bref, Mme Paterlini-Bréchot, épouse de M. Bréchot, a mis au point un test
sanguin de détection de cellules cancéreuses. Les travaux ont été publiés en
2000 et, dans la foulée, Mme et M. Bréchot et 3 autres personnes ont créé la
société Métagenex pour "valoriser" la découverte. La même année, Christian
Bréchot a été nommé DG de l’INSERM et a cédé ses parts de la société à cette
occasion. Puis, dans la logique de la création de « start-up », des financeurs
privés (Axa, BNP) sont arrivés dans le capital de la société, et les créateurs
de départ sont devenus actionnaires minoritaires...

Mais quelle est la raison d’être d’un banquier ? Faire du pognon, et pas de la
science. Donc, contre l’avis des scientifiques à l’origine de la découverte, les
banquiers ont décidé en 2006 de commercialiser le test, alors qu’il n’était pas
validé au plan clinique. La direction de l’INSERM a refusé de céder les licences
et en a appelé au Comité d’Ethique de l’INSERM et au Comité National d’Ethique,
qui lui ont donné raison. Mais les banquiers se sont alors adressés aux
Ministères de la Santé et de la Recherche, lesquels en toute bonne logique ont
fait pression sur l’INSERM pour que les licences soient cédées à Métagénex.
Cette bien triste histoire risque de se prolonger devant les tribunaux...

Christian Bréchot a souvent été un précurseur dans le domaine de la destruction
du système de recherche à l’INSERM, et au delà : remise en cause du financement
récurrent des unités, primes individualisées pour quelques chercheurs (contrats
d’interface), multiplication des CDD chercheurs, ingénieurs et techniciens,
filialisation de l’INSERM pour privatiser la valorisation (INSERM-Transfert),
contournement tous azimuths des instances de l’organisme, sans parler de sa
responsabilité dans la prétendue "expertise" sur les troubles de conduite des
enfants, etc...

L’ex-Directeur Général de l’INSERM a tout fait pour pousser, voire contraindre,
les chercheurs à rentabiliser leur recherche. Aujourd’hui, le monstre se
retourne contre son créateur ! La morale de cette histoire, c’est qu’il est
décidément bien difficile de faire rimer science et finance. Et la morale de
cette morale c’est que l’AERES, en excluant les personnels de la recherche des
processus d’évaluation, ne risque pas de constituer un garde-fou contre ces
dérives.

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