ESR : synthèse de la rencontre des facs et labo en lutte à Bagnolet ce 14 décembre
Ce samedi 14 décembre une rencontre d’Universités et Labos en lutte s’est tenue en région Parisienne (Bagnolet) en dépit des difficultés de transport.
L’article présente ses conclusions, en pièce jointe un rendu des échanges.
En pièce jointe, le rendu des échanges
MOTION
L’assemblée générale nationale de coordination des facs et labos en lutte réunie le 14 décembre 2019 à Bagnolet a rassemblé des étudiant•es, des enseignant•es-chercheur•ses, enseignant•es, chercheur•ses, personnels ingénieur•es, administratifs, techniques, sociaux et de santé et des bibliothèques (BIATSS), venu•es de plusieurs établissements.
L’assemblée générale constate que la réforme des retraites n’est qu’un aspect des politiques néolibérales mises en place par les gouvernements successifs depuis une trentaine d’années. La violence de ces politiques qui empêchent de travailler sereinement, de se nourrir correctement, de se loger dignement ; la violence de ces politiques qui tuent, appelle une mobilisation plus déterminée. Il est urgent de prendre conscience de la situation actuelle et de sortir de nos routines. La réforme des retraites ne peut être isolée des autres réformes passées ou en cours, celle de l’assurance chômage, celles qui touchent l’éducation nationale et l’enseignement supérieur (loi ORE et Parcoursup, Réforme Blanquer, augmentation des frais d’inscription à l’université, notamment pour les étudiant•es étranger•es extra-européen•nes, réforme du recrutement et de la formation des enseignants du second degré, LPPR…).
Ces différentes réformes contribuent à la précarisation croissante de tou•tes, y compris dans l’ESR : étudiant•es français•es et étrangèr•es surtout, enseignant•es-chercheur•ses, enseignant•es, chercheur•ses, personnels BIATSS.
La préparation de la Loi Pluriannuelle de Programmation de la Recherche, loin d’apporter des éléments pour lutter efficacement contre la précarité et la surcharge de travail des personnels des facs et des labos, annonce une destruction des dernières garanties sur les conditions de travail, en particulier des enseignant•es-chercheur•ses : modulation de service obligatoire, non paiement des heures complémentaires (fin des 192h de service), CDI-chantier, titularisations encore plus rares et tardives (tenure track). La LPPR c’est aussi l’aggravation de l’Université à deux vitesses, pénalisant la plupart des étudiant•es et des personnels : quelques universités d’excellence très bien financées, avec des statuts dérogatoires et des primes, et des étudiants d’origine favorisée d’un côté ; un système universitaire délaissé, limité au niveau licence pour l’essentiel, avec des personnels toujours plus précaires, sans moyens pour mener de la recherche, pour la majorité des étudiants et étudiantes d’origine sociale populaire ou intermédiaire.
Notre lutte s’inscrit dans la défense du principe de solidarité et des services publics. Elle vise à défendre l’université comme lieu ouvert à tout•es. Pour une université critique des politiques néolibérales en son sein et dans l’ensemble de la société. Pour une recherche et un enseignement libres et indépendants des intérêts du marché. Créons des lieux et des outils pour produire des savoirs qui nous émancipent ! L’Assemblée Générale appelle à amplifier les luttes localement et au niveau national, pour étendre la mobilisation au sein de l’ESR et pour faire converger tou•tes celles et ceux qui luttent.
REVENDICATIONS
Pour un service public de l’enseignement et de la recherche de qualité, l’assemblée générale du 2 décembre proposait les revendications suivantes :
– Pour une université gratuite et accessible à toutes et tous et une recherche scientifique publique au service de toutes et tous.
– Pour la titularisation de tout•es les précaires qui remplissent des fonctions pérennes au sein de l’ESR, quel que soit leur statut (doctorant•es, postdoctorant•es, contractuel•les, vacataires…) et pour un plan de recrutement massif de titulaires à la hauteur de l’augmentation du nombre d’étudiant•es et des besoins publics de recherche, en accord avec la plateforme de 2016 des précaires de l’ESR, à laquelle le mouvement souscrit.
– Pour la contractualisation des vacations, la mensualisation des paiements, le respect de la législation en vigueur et pour une véritable revalorisation des rémunérations.
– Pour la création massive de postes pérennes à la hauteur de la mission de service public que nous assurons. Contre la casse du statut de fonctionnaire (refus des CDI-chantier, des tenure track qui ouvrent la voie à la remise en cause des statuts de MCF et de CR) ; contre la dérégulation des carrières ; pour la revalorisation du point d’indice ; contre la modulation des services des enseignant•es-chercheur•ses, pour la réduction du temps de travail de l’ensemble des personnels de l’ESR.
– Pour la suppression de l’Agence Nationale de la Recherche (ANR) et des autres outils de management néolibéral de l’université et de la recherche.
– Contre l’imposition du modèle de l’entreprise privée à l’ESR (et la concurrence généralisée et déloyale qui creuse les inégalités existantes et la précarisation de tous les personnels).
– Pour la mise en place de moyens effectifs de lutte contre toutes les discriminations.
– Pour la création de postes pour les candidat•es injustement déclassé•es aux concours CNRS des années précédentes, dont la situation illustre l’étendue de la précarité dans les métiers de la recherche, les tentatives d’imposer un pouvoir gestionnaire discrétionnaire au détriment de l’évaluation par les pairs et l’importance des discriminations subies tout au long des carrières dans l’ESR.
– Pour une véritable démocratie universitaire, contre l’augmentation du pouvoir gestionnaire des directions des universités et des établissements de recherche (refus du contournement des instances nationales d’évaluation par les pairs – CNU, Comité national du CNRS).
– Pour des mesures efficaces de lutte contre la précarité étudiante (revalorisation des bourses à court terme, création d’un salaire étudiant à moyen terme, création de logements étudiants salubres et à faible loyer, amélioration de l’accès à la médecine universitaire).
– Pour la réintégration des services sous-traités au sein de l’ESR (entretien, sécurité, restauration, accueil, services sociaux et de santé).
L’assemblée générale nationale de coordination des facs et labos en lutte du 14 décembre a voté ces revendications, et ajouté les suivantes :
– Pour la réouverture des sites universitaires fermés autoritairement depuis le 5 décembre.
– Pour la suppression du statut d’agent temporaire vacataire.
– Pour la suppression de la Conférence des présidents d’université (CPU).
– Contre l’augmentation du temps de travail des BIATSS et ITA.
– Pour la démission d’Antoine Petit, PDG du CNRS, et de Frédérique Vidal, ministre de l’ESR.
ACTIONS
Depuis le début du mois de décembre, des luttes sont en cours partout en France. L’AG appelle à poursuivre les luttes localement et au niveau national, pour amplifier la mobilisation au sein de l’ESR et pour renforcer la solidarité avec tou•tes celles et ceux qui luttent.
Lors de l’AG ont été adoptées au consensus les actions suivantes
– Rendez-vous universités recherche à quelques centaines de mètres de la manifestation mardi 17/12, pour se coordonner avec les collègues de l’Education nationale
– Appel à se joindre aux mobilisations interprofessionnelles et tous les secteurs en lutte
– Appel à occuper des lieux dans les universités pour les ouvrir à toutes les luttes en cours
– Demander des comptes aux président.e.s d’université et mettre en cause la responsabilité de la Conférence des président.e.s d’université
– Appel au report ou à l’annulation des évènements scientifiques pendant la durée de la grève
- Appel à rejoindre la grève suivant divers modalités en cette période d’examen (validation universelle/grève des examens/grève des corrections/rétention des notes) qui devront être coordonnées
– Appel à suspendre immédiatement le recrutement de vacataires en urgence pour le prochain semestre
A été adopté à l’unanimité des présent.e.s le calendrier suivant :
– Se joindre à la mobilisation du 11 janvier 2020 « Blanquer Vidal, il faut les sortir »
– Organiser un événement propre à l’ESR mi-janvier
– Organiser des Etats généraux de l’ESR les 1 et 2 février
– Appel à construire un ultimatum pour mi-février : on arrête tout si on n’obtient pas satisfaction
Établissements représentés : université d’Angers, université de Bordeaux, université de Bourgogne, Campus Condorcet, Cnam, UPEC, EHESS, ENS Ulm, ENS Jourdan, INSPE Paris, Lille, UPEM, Muséum d’histoire naturelle, université Paris Nanterre, université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Paris 3, université Paris-Descartes, université Paris Diderot, université Paris 8, université Paris 13, université Paris-Saclay, université Paris Sud, université de Poitiers, centre CNRS Pouchet, université de Rennes 2, Sorbonne Université, université de Tours, avec la participation de collègues enseignant•es également en BTS.
Participation de syndicalistes de la FERC CGT, du SNCS-FSU, du SNESUP, du SNTRS, de Sud Éducation, de Solidaires étudiant•es, de Sud Recherche EPST et de membres de Sauvons l’Université et Université Ouverte.