Le discours d’Emmanuel Macron du 7 décembre dernier « Réception pour l’avenir de la recherche française » rime plutôt avec « Déception pour l’avenir de la recherche française » !
Il déclare ainsi « faisons des vraies agences de financement [NB : il parle des Organismes Nationaux de Recherche] qui arrêtent de gérer directement les personnels, faisons des vraies universités autonomes avec des logiques de site. (…) Parce que la logique du statut, ne vous trompez pas, elle crée de la rigidité interdisciplinaire ». Cette déclaration ne préfigure ni plus ni moins qu’un transfert de l’ensemble du personnel des organismes de recherche vers des universités vassalisées, dotées de moyens très hétérogènes selon les régions.

Il est temps de déconstruire les empilements de réformes, mises en place année après année, jamais évaluées mais imposées au nom d’une prétendue « excellence » et « efficacité » de la recherche et de l’enseignement supérieur.

Combien de temps les agentes et agents de l’ESR vont-ils tenir, malmené·es de la sorte, face à ces dé(re)structurations incessantes et à la perte de sens de leurs métiers ?

Les personnels sont les acteurs de la recherche et de l’enseignement supérieur. Sans elles et sans eux, ces deux piliers de notre société n’existeraient pas. C’est à elles et eux de décider de leur organisation et de déterminer les conditions d’exercice de leurs activités, dans un dialogue avec les attentes des citoyennes et citoyens.

Les « simplifications » de nos dirigeant.es n’apportent non seulement aucune solution aux entraves mais augmentent encore (si cela est possible) la bureaucratie qui étouffent les agentes et les agents. Leurs simplifications, c’est la promesse de vivre dans une jungle où la prédation est le maître mot. Non, messieurs et mesdames les dirigeant.es, vouloir toujours plus de pouvoir n’a jamais été une preuve d’excellence !

Les agent.es de l’Ined subissent des injonctions contradictoires, voient les chaînes de travail fragmentées, les socles de connaissances de leurs expertises émiettés perdant le sens du travail et de leur mission. Ce malaise, ils et elles l’expriment depuis trop longtemps et nous ne pouvons que vous inviter à reconduire les enquêtes RPS pour saisir tout ce malaise.

Le travail tue, deux personnes meurent chaque jour, en moyenne, dans un accident dans le cadre de leur emploi. Les lois néolibérales tuent. Nos conditions de travail et notre santé au travail sont une priorité. Nous interpellons la direction de l’Ined pour prendre des actions fortes.

Texte lu en liminaire par Sud-Ined à la FS-SSCT de l’Ined le 15 mars 2024