Mise en perspective de l’INRA
Contre-champ à la « mise en perspective de l’INRA »vue de la Direction Générale !

A la fin du tour de France des centres réalisé par le collège de Direction de l’INRA, une contribution SUD sur les enjeux de la période

Retour sur l’évaluation AERES : « regards croisés » … dans un miroir !

Dans le rapport d’évaluation de l’INRA par l’Agence d’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (AERES), nous avons une seule vision de la recherche agronomique, celle partagée par les partenaires historiques du secteur agro-alimentaire, sans une once de biodiversité intellectuelle.
Le seul dialogue envisagé ici se fait avec l’industrie agroalimentaire et encore, il ne s’agit pas d’un dialogue mais plutôt d’un ordre de mise à disposition d’une structure de recherche publique au service d’intérêts financiers privés. Et pour faire passer l’innovation… l’INRA se doit « d’éduquer et préparer le grand public aux nouvelles découvertes et applications scientifiques dans le domaine de l’Agronomie. » Quelle clairvoyance !
La vision du front de science demeure celle du seul productivisme agricole, alors que la seule question légitime autour de laquelle cette évaluation aurait dû se tenir était de se demander comment l’Institut pouvait évoluer pour répondre conjointement aux défis alimentaire et écologique du 21ème siècle.
Au final… nous sommes pour une contre évaluation de la recherche agronomique publique !

Hors des TGU, point de salut ?

Curieusement le regroupement en Très Grandes Unités « TGU » n’est pas abordé dans le diaporama de mise en perspective de la Direction, alors que ce modèle est partout mis en avant, à l’échelon des Départements et Centres de recherches : l’objectif est, nous dit-on, d’atteindre ainsi la masse critique suffisante afin d’être visible, lisible et … surtout de pouvoir survivre dans la compétition acharnée menée sur le front des contrats… Sinon c’est le spectre du manque de moyens, prémisse à l’orientation vers les soins palliatifs de la funeste note de service gérant la fin de vie des unités !
En réponse à nos inquiétudes sur la capacité de gérer « humainement » de telles entités, la direction nous assure que le modèle TGU n’était pas mis en avant à l’INRA (interventions du Directeur scientifique au CTP de mars, de Madame Guillou à l’AG rennaise le 9 avril). Revivons-nous le scénario qui s’est déjà joué avec la baisse drastique de 25 % des postes de catégorie C sur 4 ans, pour lequel la direction a l’aplomb d’indiquer qu’elle ne l’a pas commandité !
Alors TGU à la vitesse TGV partout  ou pas ? Pour qu’on la croie, la DG doit garantir un avenir serein aux unités de toute configuration !

A propos du document d’orientation INRA 2010-2014

Les 7 priorités scientifiques de l'INRA ont été en théorie débattues dans des groupes de réflexion et sur un site Web dédié. Il n’est pas simple de comprendre et donc de s’approprier les documents stratégiques de la DG, hormis le constat que cela reste très consensuel. En bref, l'INRA s'investit de la mission de sauver le monde à lui (presque) tout seul ! L'ambition est tellement énorme et floue que l'institut risque de n'accoucher que d'une souris en 2014.


Notre perplexité est partagée par beaucoup, et l’élu SUD a lu au CA de l’INRA du 1° avril 2010 une réflexion de la Confédération Paysanne dans laquelle nous nous retrouvons bien (extraits) : « … hormis la 7e priorité scientifique plus concrète et proche des préoccupations des acteurs de terrain, l'essentiel du document est rédigé en des termes complexes, peu accessibles avec souvent l'emploi de concepts peu ou non définis… Plus préoccupant, nous avons l'impression que c'est le modèle et non l'homme qui est au centre des préoccupations des équipes de chercheurs ayant rédigé les 6 premières priorités.
Il nous semble qu'il faut inverser la démarche explicitée dans le § « Contexte et défis » de la priorité 6 : on modélise puis on gère, intègre et analyse les données et, en 3ème lieu seulement, on expérimente et on observe. Nous sommes convaincus que, dans bien des domaines agro-socio-économiques ou écologiques, c'est l'approche inverse qui doit être développée ! Les modèles pourront d'ailleurs difficilement intégrer toutes les variables et interactions des sciences du vivant et, dans un domaine à priori moins complexe, la physique, Pierre-Gilles de Gennes, prônait de partir de l'observation et de l'expérimentation.
… nous espérons qu'une autre conception du travail des chercheurs INRA est envisageable. Cela nous paraît une absolue nécessité pour affronter les défis à court et moyen terme du développement rural durable….»

Les craintes de SUD devant cette frénésie d’affichage se concrétisent avec le « Grand Emprunt » lancé par le gouvernement après la mission Juppé Rocard à l’automne 2009.
Or, en lieu et place d’une réflexion prospective nous avons une amplification de l’existant, due à l’effet d’aubaine autour du grand emprunt. Pour les quelques collègues sollicités, le temps imparti à la rédaction a été inférieur à celui de n’importe quel appel d’offre basique. Et tout cela pour consacrer l’adoration des 2 veaux d’or de la science de 2010 que sont la génomique et la modélisation.

La pression sur les collectifs de travail et sur chaque agent

C’est hélas la principale perspective concrète pour les personnels, demain encore plus qu’aujourd’hui :
Réorganisation permanente des structures + explosion de la précarité de l’emploi + mise en compétition des agents (PESte et autres primes…) = toujours plus de stress au travail.

Ces nouvelles modalités d’organisation du travail de recherche sont aujourd’hui copiées du secteur privé, alors même que leurs conséquences désastreuses dans de multiples secteurs professionnels sont dénoncées publiquement…

La Direction de l’INRA indique en avoir (enfin) pris conscience… mais elle se contente d’annoncer un plan de sensibilisation des « acteurs » hiérarchiques aux risques psychosociaux, au… risque de les culpabiliser, alors que la prévention exige de s’en prendre aux causes de cette dégradation des conditions de travail de tous.

Plus d’info sur le « 4 pages » diffusé aux dernières AG du tour de France de la DG

 

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