Avant le Grenelle de l'environnement l'INRA bétonne !

 

Conseil d'Administration de l'INRA de juin dernier à Angers : Avant le Grenelle de l'environnement l'INRA bétonne !

Le thème central de ce déplacement annuel en région était : Le partenariat d'orientation de la recherche publique : comment mieux capter et comprendre les questions du futur, resserrer les liens entre science et société ?
Un passage de la théorie à la pratique non convaincant avant le Grenelle de l'environnement et la future loi OGM, et un dossier à suivre de près ...

La réunion s'était ouverte par la lecture d'une déclaration commune des élu-es CGT-CFDT-SUD sur l'avenir de la recherche publique au moment où le gouvernement tentait de faire passer « à la sauvette » son projet de loi sur la gouvernance des Universités.

Cette rentrée, alors que ce projet a été voté et même aggravé par le parlement en juillet, signons en ligne, « l'appel des Cordeliers » demandant l'abrogation de cette loi, proposé par une large intersyndicale et soutenu par SLR. href="http://www.universite-recherche-democratie.fr/"

Les conclusions du chantier interne visant à revisiter la politique partenariale pour « ancrer l'INRA dans sa mission d'établissement de recherche finalisée » ont été présentées le 27 juin.

Le constat est posé de la faible ouverture du dispositif. Ce diagnostic se concrétiserait par des modalités internes pour une meilleure prise en compte des attentes de l'ensemble des porteurs d'enjeux, historiques et nouveaux venus. Mais il serait selon nos dirigeants « difficile d'impliquer les associations dans les formes actuelles de partenariat d'orientation » , qui plus est « avec des partenaires qui n'ont pas l'habitude de la recherche » . Il est bien plus commode de continuer comme si rien n'avait changé autour de la recherche agronomique depuis 50 ans. Ainsi sont représentés au CA de l'INRA : la FNSEA et ses satellites (4 personnes), l'agro-industrie (4), les consommateurs (1), des partenaires qui ont évidemment une place bien légitime au CA. Mais toujours pas un environnementaliste, pas un syndicaliste minoritaire, pas un représentant de l'agriculture durable ... Il était assez croustillant d'entendre le président d'une grande coopérative, habitué des lieux, brocarder ces citoyens « qui anticipent mal» pour conclure avec un bel à propos « qu'il n'est pas sur sûr qu'il faille les écouter».

A l'heure de l'urgence écologique et des grandes manoeuvres du Grenelle de l'environnement, les débats du CA de l'INRA n'évoluent guère.

On s'essaie ici à capter les « signaux faibles » et surtout pour le reste faire comme si de rien n'était, comme si agriculture, environnement et alimentation faisaient toujours aussi bon ménage. Par exemple sur la question des agro-carburants, dont le principal bénéfice (le seul pour ceux de la première génération ? ) est de tirer vers le haut les cours des céréales au mépris de leurs mauvais bilans énergétiques et environnementaux. Le sujet devrait pourtant inciter un institut public, soucieux d'une « information fiable, constructive, accessible » (cf INRA magazine, n°1, juin 2007) à une analyse plus critique. Mais ce qui compte ici c'est le court terme et la bonne marche des affaires, et tant pis pour les générations futures ...
Dans ces discussions il faut reconnaître que les représentants des salariés de l'INRA et de l'agroalimentaire ne sont guère aidés par le seul porte-parole des acteurs non agricoles (UFC-Que Choisir) qui a brillé une fois encore par son absence ...

Après un premier échange le 4 avril sur la proposition de politique scientifique de l'INRA dans le domaine des biotechnologies végétales, le CA a délibéré sur la version définitive du texte.

SUD était prêt à voter le texte initial (voir le compte-rendu du CA du 4 avril consultable sur http://www.sud-recherche.org/SPIPprod/article.php3?id_article=329) mais, comme nous le redoutions, en prenant connaissance de la nouvelle version nous avons compris que cela n'allait pas être possible !

La proposition initiale de politique scientifique de l'INRA développait une position de principe équilibrée et critique pour la recherche publique sur les Plantes Génétiquement Modifiées (PGM). Mais ce n'est plus le cas dans du second texte qui dans l'esprit est sensiblement différent suite à un profond remaniement, ceci pour répondre, une fois encore, aux demandes du lobby agro-industriel et des ministères qui appuient largement celui-ci. Nous avons relevé que :

Pour étayer nos vives réticences, nous avons repris la mise en garde du Comepra dans son avis sur les OGM végétaux : « le risque est grand qu'on puisse laisser croire à des décideurs politiques que le choix des biotechnologies est une solution miracle et qu'ainsi soit affectés des moyens financiers hors de proportion avec l'objet poursuivi au détriment de solutions plus efficaces » .

Le premier texte présenté en avril a été malheureusement revu et l'approche initiale sur les limites actuelles des PGM est minorée, les garde-fous vis-à-vis de technologies aujourd'hui si peu profitables pour la société ont disparu. Au nom de la réponse à une demande mondiale qui serait multipliée par 2 d'ici 2050 ne va-t-on pas sacrifier au plus vite les exigences environnementales au risque d'amplifier les graves déséquilibres planétaires écologiques et économiques et d'aller dans le mur ? Le secteur agro-industriel, zélateur forcené des PGM et détracteur systématique de l'agriculture durable, seul partenaire représenté au CA et donc à même de peser fortement sur les orientations de la recherche publique, a fait son travail en obtenant les modifications demandées.

Au final, malgré le forcing de la direction de l'institut qui a sollicité un vote unanime du CA, la démarche est apparue si déséquilibrée que l'ensemble des 7 représentants des salariés, dont les 5 élus du personnel INRA, s'est abstenu alors que le premier texte paraissait emporter l'adhésion.

Il a les velléités d'ouverture des commissions et autres groupes de travail et la réalité des pouvoirs et des rapports de force : cette séance du CA était sans ambiguïté sur un partenariat d'orientation qui est tout sauf « revisité » .

A l'ordre du jour figurait également la mise place du nouveau COMEPRA, comité d'éthique et de précaution de l'INRA, et la nomination de son président.

Le COMEPRA, créé en 1998, et commun avec l'IFREMER depuis 2003 et bientôt avec le CIRAD, est constitué de douze experts nommés par la direction générale. Il donne son avis et fait des propositions sur l'éthique.
Par exemple, l'avis du COMEPRA sur le partenariat est consultable sur : http://www.inra.fr/l_institut/organisation/l_ethique/comepra
La Direction a proposé Monsieur Schweitzer, ancien PDG de Renault et actuel président de la HALDE (haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité) comme nouveau président du COMEPRA. Au delà du cursus de cette personnalité, est-il raisonnable de penser qu'un tel notable, administrateur de grands groupes industriels, dont l'agenda est déjà garni en représentations officielles, aura la disponibilité nécessaire pour impulser le travail d'un comité en charge de controverses citoyennes fortes ?
L'élu SUD n'a donc pas validé cette nomination...

Compte rendu par l'élu SUD-Recherche-EPST du CA du 27 juin 2007

 

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