INRA : L’agriculture biologique = 0,5 % de la production scientifique de l’INRA !

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Dans cette nouvelle contribution diffusée le 20 mai, prolongement à la controverse sur le rapport commis par l’INRA vis à vis de l’agriculture biologique (AB) en octobre dernier, notre syndicat met en évidence la faible part de la production scientifique concernant l’AB.

Nous appelons la direction de l’INRA à prendre enfin la mesure des attentes citoyennes vis-à-vis d’une agriculture qui respecte l’environnement, les agriculteurs et les consommateurs.

A lire aussi notre réaction au positionnement de la Direction suite au jugement de la cour d’appel de COLMAR ce 14 mai sur l’illégalité de l’essai vigne OGM de Colmar : http://www.sud-recherche.org/SPIPprod/spip.php?article1961

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L’agriculture biologique : 0,5 % de la production scientifique de l’INRA !

En novembre dernier, notre syndicat lançait l’alerte sur le rapport « Analyse des performances de l’agriculture biologique » publié par l’INRA à la demande du Commissariat Général à la Stratégie et à la Prospective (CGSP). Ce rapport a fait l’unanimité contre lui, que ce soit de la part des professionnels de ce secteur agricole ou de celle de la communauté scientifique qui s’intéresse de près ou de loin à cette question.

Ainsi, 141 chercheurs et enseignants-chercheurs ont dénoncé dans une note argumentée la lecture à charge de la littérature disponible sur l’agriculture biologique (AB) ainsi que les nombreuses erreurs et approximations que renferme ce rapport. Pour citer un exemple de la vision de l’INRA sur l’AB, les recommandations du rapport suggèrent, pour améliorer la compétitivité de l’AB, d’y autoriser l’utilisation de pesticides, en d’autres termes, de renoncer à faire de l’AB !

L’INRA démontre ainsi, une nouvelle fois, que rien ne change au niveau de sa direction, qui ne voit sans doute dans ce mode de production agricole qu’un retour en arrière dont l’intérêt se limite à une production de niche pour quelques excentriques refusant les progrès de notre monde. Déjà le rapport du chantier sur l’agroécologie fin 2012 était apparu bien peu ambitieux au regard de l’importance des enjeux et avait été très discuté. Ainsi, tout en faisant évoluer ses discours, allant jusqu’à proposer aux futurs scientifiques recrutés de « sauver la planète », les engagements réels de l’INRA continuent de se tourner presque exclusivement vers les recherches destinées à soutenir le mode de production agricole intensif actuel.

Dans la conclusion de la rencontre INRA/ITAB sur l’agriculture biologique au salon de l’agriculture le 26 février dernier, M. François Houllier, le PDG de l’INRA, s’est défendu de cette idée en affirmant que l’Institut était monté en puissance dans ses recherches sur ce domaine avec une croissance significative des publications de l’INRA sur l’AB depuis 25 ans, et qu’il occupait sur la période 2008-2013 la troisième place dans la production scientifique mondiale consacrée à ce sujet. Il a présenté la même analyse lors de l’introduction du colloque Dinabio à Tours en novembre dernier et lors de la rencontre au CGSP entre les scientifiques ayant dénoncé le rapport et l’INRA le 20 mars dernier.

En utilisant la même méthodologie bibliométrique que lui, il est facile de mettre en évidence que la production de l’INRA ayant trait à l’AB ne représente en fait que de l’ordre de 0,5% de sa production scientifique totale ! Si nous sommes bien conscients que cette estimation dans « Web of Science » ne prend en compte que certaines revues à comité de lecture (celles que le WOS a choisi d’indexer), alors qu’il existe d’autres formes importantes de productions scientifiques issues de la recherche agronomique, il n’en demeure pas moins que cet indicateur reflète bien la faible part de l’AB dans les productions de l’INRA.

D’autant qu’il est aussi probable que ce 0,5% soit représentatif de la part de personnel INRA menant des recherches sur ce secteur de production agricole. Avec un investissement aussi faible, l’INRA ne peut être en mesure ni de faire progresser l’AB à la hauteur des enjeux fixés par le Grenelle de l’Environnement (20% de production en AB à l’horizon 2020), ni de combler le déficit de la recherche française sur l’AB dont il est fait état dans le rapport de l’INRA cité ci-dessus, ni encore, de manière plus large, de tirer parti de l’expérience et des acquis de l’AB pour faire progresser l’ensemble de l’agriculture française vers un meilleur respect des hommes et des écosystèmes.

Nous appelons la direction de l’INRA à prendre enfin la mesure des attentes citoyennes vis-à-vis d’une agriculture qui respecte l’environnement, les agriculteurs et les consommateurs. Nous l’appelons surtout à répondre à ces attentes en consacrant à l’agriculture biologique une part de son budget qui soit enfin à la hauteur des enjeux et des objectifs fixés.


En annexe :

Méthodologie pour calculer la proportion des publications de l’INRA
se rapportant à l’agriculture biologique.

Le calcul de la part des productions scientifiques de l’INRA se rapportant à l’agriculture biologique est réalisé à partir de la base de données Web of Science (celle sur laquelle la direction de l’INRA base son discours d’une montée en puissance de l’INRA sur l’AB).

 Comme la direction de l’INRA, nous avons retenu la période 2008 - 2013.

 La base de données comprend 26 424 publications de l’INRA sur cette période (« Institut National de la Recherche Agronomique (INRA) » trouvé dans l’index du champ de recherche « Organization-enhanced » )

 Un examen minutieux de l’ensemble des publications trouvées avec le mot clé « organic » nous a permis de définir un ensemble pertinent de mots-clés pour trouver les publications de l’INRA ayant trait à l’agriculture biologique (sans nécessairement y être entièrement consacrées), qui sont au nombre de 127 (en tout sur ces 6 années).1

 Ainsi, 127/26 424 soit 0,5 %, des publications de l’INRA sont trouvées à partir de ces mots clés sur l’agriculture biologique (parmi ces publications, certaines sont entièrement consacrées à l’agriculture biologique, d’autres s’y intéressent en partie, certaines à la marge …).

1 Ensemble de mots clés : "organic farm*" or "organic agr*" or "organic food*" or “organic production*” or “organic or low-input” or “organic and low-input agriculture” or “from organic to intensive” or “organic, conventional” or "organic and conventional" or “organic product consumption” or “organically grown” or “organic cultiv*” or “organic crop*” or “organic arable farming” or “organic grain” or “organic cereal*” or “organic wheat” or “organic winter wheat” or “organic corn” or “organic soy*” or “organic rice*” or “organic greenhouse” or “organic fruit*” or “organic apple*” or “organic pear*” or “organic strawber*" or “organic grape*” or “organic banana*” or “organic citrus” or “organic lemon” or “organic plum” or “organic vegetable*” or "organic lettuce*" or “organic tomato*” or “organic onion*” or “organic potato*” or “organic coffee*” or “organic tea” or “organic vineyard*” or “organic wine” or “organic cotton*” or “organic orchard*” or “organic horticulture” or “organic livestock” or “organic animal production” or “organic rearing” or “organic sheep” or “organic poultry” or “organic chicken*” or “organic broiler*” or “organic laying hen*” or “organic egg production” or “organic meat” or “organic pig*” or “organic pork*” or “organic beef” or “organic dairy” or "organic milk" or “organic aquaculture” or “organic outdoor” or “organic labeling” or “organic certification” or “organic marketing” or “organic fair trade” or “cultivated under integrated and organic systems” or “integrated organic system” or “organic and PDO” or “origin and organic” or “organic and fair trade” or “organic with high environmental grants” or “organic and sustainable plants” or “organic and sustainable farmers” or “organic and sustainable agriculture” or “organic and sustainable low-input agriculture” or “organic and sustainable horticulture”

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