CA INRA du 28 mars : divergences sur l’Agriculture Bio et la charte de déontologie

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Les notes de l’élu du personnel SUD rendant compte du Conseil d’Administration de l’INRA le 28 mars dernier sont accessibles en pièce jointe de cet article.

Zoom sur 2 dossiers d’actualité qui suscitent divergences : La charte de déontologie et l’Agriculture Bio (AB)

Une charte de déontologie… qui ne s’attaque pas aux conflits d’intérêt

L’élu SUD a été le seul à voter contre la charte de déontologie présentée par la Direction, charte qui sera bientôt portée à la connaissance de chaque agent de l’INRA. Elle ne s’attaque pas aux conflits d’intérêt, et ne contribuera pas à restaurer la confiance de l’opinion publique envers les recherches suscitant des controverses. Comme souvent, nos propositions alternatives sont restées sans réponse.

Extraits de l’intervention SUD en séance :

« A travers cette charte, l’INRA promeut « l’objectivité, l’impartialité et l’indépendance » des pratiques de recherche. Qu’est-ce qu’une recherche objective, impartiale et indépendante ? Le texte ne le précise pas. Il aurait bien du mal à le faire de façon convaincante, car une telle recherche n’existe pas ! Il nous semblerait plus fructueux de le reconnaître, et de réfléchir aux conditions qui favorisent la mise à l’épreuve par chacun de sa subjectivité, de sa partialité, et de sa vision du monde _nous en avons tous_ de réfléchir aux conditions qui encouragent la rigueur, et qui permettent de confronter les points de vue contradictoires dans le respect mutuel et la réflexion …

L’accent mis sur « l’objectivité » et « l’impartialité » nous semble contreproductif voire dangereux, parce qu’il peut revenir à nier la pluralité des approches et des points de vue. Il existe un risque qu’une recherche scientifique soit considérée comme non objective, donc non déontologique, tout simplement parce qu’elle s’écarte trop d’une norme que tous ont adoptée et que personne ne questionne … En ce sens, cet accent sur « l’objectivité » et « l’impartialité » peut même entrer en contradiction avec le souhait de protection des lanceurs d’alerte.
Les « déclarations de liens d’intérêt » ne suffisent pas à prévenir les conflits d’intérêt.

Nous considérons que cette conception des conflits d’intérêt est trop étroite… Dans le monde de la recherche, actuellement tout incite à une certaine forme de conformisme pour obtenir des financements, être dans un bon réseau, et ne pas être en tension avec sa hiérarchie. Le conflit d’intérêt est donc potentiellement présent partout et pour tous de manière latente, et ceci de plus en plus avec la part croissante des partenariats demandés avec le secteur privé. Concrètement, la charte ne propose rien pour lutter contre ces conflits d’intérêt.

… La direction de l’INRA compte-t-elle bouleverser pour cela les méthodes de management actuelles ? Dans un contexte où montent la concurrence entre chercheurs, l’individualisation...

En conclusion, nous demandons l’abandon de ce projet de charte de déontologie aux principes flous et non contraignants. Nous demandons qu’elle soit remplacée par une obligation pour les chercheurs de déclarer leurs compléments de salaire dans le cadre de consultances, d’expertises, de participations à des chaires avec des partenaires privés et leurs financements de recherche privés…

Enfin, des budgets publics et des emplois de titulaires en nombre suffisant sont des conditions incontournables pour des orientations et choix de recherche au service de l’intérêt général.

SUD continuera, comme le demandent de nombreux collègues, à revendiquer fortement, en tous lieux et toutes circonstances, le droit à chacun de pouvoir exprimer son point de vue sur les recherches menées par le service public. »

Recherches concernant l’Agriculture Biologique (AB) : de la communication… sans moyens

Nous avons dénoncé à ce même CA la désinformation de la DG qui fait croire à un engagement important de l’INRA sur les recherches concernant l’agriculture biologique.

Nos dirigeants ne veulent pas investir à la hauteur des enjeux d’une révolution agricole et écologique attendue par de plus en plus de citoyens. Ceci alors que le modèle agroindustriel productiviste a montré ses limites en termes sociaux et environnementaux.

Nous avons également été surpris, comme d’autres sans doute, par l’expression de la CGT sur ce sujet, totalement à charge contre l’AB.

Extraits de l’intervention SUD en séance :

« En tant que syndicalistes SUD nous nous interrogeons : Quel est l’objectif visé par l’INRA dans ce point d’information scientifique ? Faire un état des lieux objectif des recherches conduites par l’institut ? Ou bien présenter un beau panorama de recherches INRA où tout le monde il est beau car tout le monde il est bio ?

Dans le document d’octobre 2012, le paragraphe sur les priorités d’action pour 2013 commence par : « L’effort de recherche de l’INRA pour l’agriculture biologique est ancien et important ». Alors que celle-ci a été un domaine orphelin de recherches jusqu’en 2000, notamment du fait d’absence d’investissement de l’institut. Le livre blanc de l’INRA en faisait un honnête constat.

Depuis les choses n’ont pas vraiment évolué à l’INRA : si des individus et quelques collectifs sont intéressés par l’AB, la direction générale n’a manifesté, en tout cas jusqu’à aujourd’hui, que bien peu d’enthousiasme pour inspirer des ouvertures de crédits significatifs à l’ANR ou aux Investissements d’avenir. Comment ne pas souligner la disproportion entre le budget du programme INRA Agribio3 et celui des programmes retenus par les investissements d’avenir (comme Breedwheat, Amazing…) du grand emprunt ?

Certes, selon le 4 pages de février 2012, 258 agents sont impliqués mais pour combien d’Equivalents Temps Plein ? Combien de thèses en cours ? A quel niveau d’investissement humain fixe-t-on le seuil de crédibilité pour les recherches dédiées ?

S’il s’agit seulement d’une opération de communication, elle risque de coûter cher à l’NRA en termes d’image. En effet sur le sujet l’INRA est sous surveillance : d’une part le livre de V. Tardieu (Vive l’agro-révolution française) démontre méthodiquement le sous investissement INRA

Si l’agriculture biologique mérite évidemment, comme les autres modes de production, un regard critique, encore faut-il se donner les moyens de pouvoir l’exercer sur la base de données scientifiques en y investissant significativement.

Nous serions plus crédibles en revenant à ce qui devrait être le niveau d’intervention d’un institut public de recherche : choisir l’information oui de l’IN-FOR-MA-TION et non la communication. »

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