le Holding CNRS fait son entrée sur le marché de la Recherche et prépare son avenir !
A la pointe des
Entreprises de Privatisation des Sciences et des Technologies (EPST [*] ),
le Holding CNRS fait son entrée sur le marché de la Recherche et prépare son avenir !
Pour maximiser ses résultats, augmenter sa productivité et ses performances, et faire face à la concurrence
internationale, le nouveau holding CNRS a décidé de revoir complètement les activités et l’organisation de
l’archaïque service public de recherche.0
[1] [2] [NB. Les chiffres entre crochets renvoient à des extraits de
discours officiels.]
Restructuration vers le coeur de métier
Une restructuration de ses centres de profit, anciennement laboratoires, autour d’un nombre réduit d’unités
va être réalisée. Les autres branches non rentables seront cédées à des entreprises locales, les Universités [3]
Seules les thématiques de recherche permettant des profits élevés auprès de l’ANR ou d’autres partenaires
seront conservées. Les recherches doivent impérativement donner des résultats en 3 ans sous peine d’être
abandonnées en cours de route. [4]
[5]
Les équipes de ses différents centres seront mises en concurrence et évaluées afin d’augmenter l’émulation
nécessaire à la croissance du facteur d’impact global du holding. [6]
Pour réaliser cette évaluation et accroître ses performances, le CNRS doit choisir une structure d’audit. Les
cabinets Comité National et AERES seront mis en concurrence. [7]
Une plus grande flexibilité du personnel
Pour augmenter la productivité de ses collaborateurs, le salaire sera directement indexé sur les résultats
individuels. L’ancien système archaïque de rémunération trop égalitaire sera supprimé [8]
Le système sclérosant du recrutement actuel sera remplacé par une période d’essai de 8 ans permettant de
tirer le meilleur du capital humain. [9]
Le critère principal de ces recrutements de collaborateurs de haut niveau sera leur capacité à générer du
profit venant de l’ANR ou d’autres contrats de partenariat. [4]
A côté de ses employés permanents, la société, de par ses activités sur projets sur 3 ans, doit disposer d’un
volant très important de personnel temporaire qui permette d’ajuster la main d’oeuvre au volume d’activité
lors des fluctuations du carnet de commandes. [9] [10]
Une direction au service de son actionnariat
Le choix du type de recherche produite sera fait par ses dirigeants éclairés, les mieux à même d’avoir une
vision globale du marché de la recherche. Mais ils seront avant tout au service de ses actionnaires, qui
resteront les vrais maîtres du holding et de sa production. [11]
Dernière minute : nous apprenons le lancement officiel du holding INSERM [**], qui a donc grillé la politesse
au holding CNRS. Sa création a été annoncée par le bras droit de l’actionnaire principal, Valérie Pécresse
[12],
le 5 février devant un parterre de MU (Managers d’Unités). Ce nouveau holding contrôlera 9 filiales
thématiques appelées « Instituts Sans Murs » mais, sans doute pour ne pas donner des informations
essentielles à la concurrence internationale, Mme Pécresse n’a pas révélé quelles seront les prérogatives de
ces instituts par rapport à la société-mère (l’INSERM), à l’ANR, au département des Sciences de la Vie du
CNRS, aux Universités, ni de qui dépendront les salariés. Elle a simplement assuré que cette apparente
complexité supplémentaire correspondait en fait à une volonté de simplifier la structure de l’INSERM, ce
qui a laissé sans voix la plupart des auditeurs. Elle a ensuite tenté de rassurer les petits actionnaires présents
dans la salle en affirmant que l’INSERM était « le coeur de la recherche biomédicale » et qu’il s’agissait d’une
« révolution douce ». Cette figure de style hardie risque toutefois de susciter le scepticisme parmi les salariés
du nouveau holding, qui savent que son patron N. Sarkozy parle, lui, sans détour, de « rupture ».
Texte intégral du discours de V. Pécresse disponible à l’adresse :
http://www.enseignementsup-recherch...
NB : C. Bréchignac, A. Migus, V. Pécresse, R. Bachelot, N. Sarkozy sont respectivement : Présidente du CNRS,
Directeur du CNRS, Ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche, Ministre de la Santé, et Président de la
République.